Que pensent les autorités financières des cryptomonnaies ?

Thomas Julia
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Parmi toutes les critiques émises à l’encontre de l’univers des cryptos, celle adressée par la présidente de l’Autorité des marchés financiers (AMF), Marie-Anne Barbat-Layani, détonne un peu. Elle a estimé la semaine dernière que le secteur doit “démontrer son utilité économique et sociale”. C’est qu’avec le développement des cryptos et des CBDC, presque toutes les autorités financières se sont exprimées sur la question. A un moment où la législation avance un peu partout dans le monde et que la finance traditionnelle et les cryptos semblent voués à s’imbriquer un peu plus chaque jour, on fait un point sur les positions des autorités financières sur le sujet.

Le retournement de veste de Gary Gensler


Si l’on demandait aux acteurs majeurs de la crypto qui est le pire ennemi du secteur, ils répondraient certainement Gary Gensler, le président de la SEC (Security and Exchange Committee). Depuis le début de 2023, il multiplie les procès contre les principaux acteurs du secteur, notamment Binance et Coinbase. La majeure partie des litiges réside sur la classification des cryptos-actifs comme commodities, ou marchandises (selon le gendarme financier américain) ou securities (titres) selon les opérateurs.

Nous n’avons pas besoin de plus de monnaie numérique… nous avons déjà une monnaie numérique, elle s’appelle le dollar américain” déclarait Gary Gensler après l’annonce des poursuites contre Coinbase et Binance. Pourtant, il faut savoir que l’américain a par la passé été enseignant en… monnaie numérique! Il donnait des cours sur le sujet au Massachusetts Institute of Technology.

Aujourd’hui, malgré des actions de lobbying principalement lancées par Coinbase, les acteurs du secteur s’en remettent plutôt au législateur. 2 projets de loi sont actuellement dans les tuyaux. A noter que le Canada est moins ambiguë, puisque si certains crypto actifs peuvent être utilisés comme moyen de paiement, ils n’ont cependant pas cours légal dans le pays.

L’Europe, être efficace avant tout


Comment connaître la position de la Banque Centrale Européenne sur les cryptos? Le titre de son dernier rapport sur le sujet, intitulé “Paradis perdu ? Comment la crypto n’a pas tenu ses promesses et que faire à ce sujet” parle de lui-même.

Fabio Panetta, qui a présenté ces conclusions, affirme que les cryptos sont instables et très volatiles, et n’ont aucune fonction socialement ou économiquement utile. C’est un peu l’esprit qui a animé la Commission Européenne dans l’élaboration du projet de loi MiCA, qui entrera en vigueur l’année prochaine. Un projet de loi décrit comme plaçant un “ cadre global pour les émetteurs et les prestataires de services qui assurera également le respect des règles en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux”. Nous ne sommes pas crypto enthousiastes, mais avons compris le besoin d’une réglementation claire et harmonisée pour ne pas pénaliser le secteur. Soit tout le contraire des USA.

Le reste du monde


La Chine, pays moins axé sur la préservation des libertés, qui émet sa CBDC, le e-yuan, s’est opposée à maintes reprises aux cryptos. Le gouverneur de la Banque centrale, Pan Gongsheng, s’est encore exprimé il y a peu et il compte même accentuer sa stratégie répressive envers ceux qui tenteraient de spéculer avec. Une position également adoptée par la Banque Centrale de Russie, avant d’être rappelée à l’ordre par Vladimir Poutine, qui ne veut pas se passer de l’argent généré par les cryptos.

Les banques centrales des pays des caraïbes et de l’amérique latine, pionnières sur les CBDC, n’ont quant à elles jamais démontré une grande animosité envers les cryptos.


Source : IMF, Europa.eu 


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