La Turquie plaide (involontairement) en faveur du Bitcoin en prévoyant de convertir l’or des citoyens en lire

Fredrik Vold
| 5 min de lecture

Le gouvernement turc souhaiterait mettre en œuvre une stratégie visant à inciter ses citoyens à lui remettre leur or pour soutenir la valeur de la monnaie nationale, la lire. Mais selon certains, le pays se serait bien mieux porté s’il avait simplement adopté le Bitcoin (BTC).

Source : capture d’écran, wsj.com

Selon un article du Financial Times, le gouvernement turc aurait conclu des accords avec cinq raffineries d’or pour la conversion des bijoux en or remis par les citoyens en lingots qui seront ajoutés aux réserves de la banque centrale.

Ces accords s’ajoutent à une collaboration avec plus de 30 000 boutiques d’or qui selon le ministre turc des finances, Nureddin Nebati, joueront un rôle central dans le système. C’est ce qu’indiquent des sources anonymes citées par le Financial Times, qui étaient présentes lors d’une réunion avec des investisseurs étrangers à Londres cette semaine.

Selon ces mêmes sources, le ministre des finances a déclaré que le gouvernement espérait que 10 % des 250 milliards de dollars d’or privé détenus par les Turcs, selon les estimations, seraient remis dans le cadre de ce programme.

Le projet a été brièvement décrit dans un communiqué de presse de la banque centrale turque en décembre, indiquant qu’il était destiné à “soutenir la stabilité financière”.

Commentant sur le sujet, George Kikvadze, cofondateur du fournisseur d’infrastructure blockchain Bitfury, a déclaré sur Twitter qu’il aurait été “beaucoup plus intelligent” pour le gouvernement turc d’adopter le Bitcoin.

Si la Turquie avait adopté le BTC, “ses citoyens et la Banque centrale auraient été assis sur des dizaines de milliards d’actifs maintenant”, a ajouté Kikvadze.

Mais même si le gouvernement est réticent à l’idée, les Turcs ont déjà adopté le Bitcoin, selon plusieurs articles.

Par exemple, des médias grand public comme le Wall Street Journal ont indiqué à plusieurs reprises comment les Turcs accumulent des bitcoins et des stablecoins comme le Tether (USDT) pour échapper à la dépréciation de la lire. Et selon un reportage vidéo pour le même journal depuis Istanbul, la plus grande ville de Turquie, on peut maintenant voir des bureaux de “swap” de cryptomonnaies et des publicités connexes.

Ces nouvelles font suite à une visite du président pro-bitcoin du Salvador, Nayib Bukele, au président turc Recep Erdoğan en janvier. Avant la visite, Bukele a tweeté : “Tout d’abord, salutations du Salvador, le pays du Bitcoin, à toute la Turquie”.

La visite a alimenté l’espoir de voir Erdogan s’inspirer du Salvador, mais aucune nouvelle liée n’a jusqu’à présent émergé de la réunion.

La lire en difficulté et la loi sur les cryptomonnaies

En décembre de l’année dernière, le président Erdogan a déclaré lors d’une conférence de presse que le gouvernement avait finalisé le premier projet de loi sur les cryptomonnaies du pays et qu’il était prêt à être envoyé au Parlement pour approbation officielle.

Cependant, il reste impossible de déterminer si le projet de loi est une bonne ou une mauvaise nouvelle pour les utilisateurs cryptos dans le pays, étant donné les déclarations antérieures du président disant qu’il n’a “absolument aucune intention d’approuver les cryptomonnaies”.

La monnaie turque a perdu 44 % de sa valeur par rapport au dollar américain l’année dernière, mais s’est stabilisée cette année après l’introduction de nouvelles mesures pour mettre fin à la chute libre de la monnaie. Ces mesures prévoient une compensation sur les pertes sur les dépôts en lires si leur valeur par rapport aux “monnaies fortes” comme le dollar américain dépasse le taux d’intérêt de la banque.

Taux de change du dollar américain par rapport à la lire turque depuis 2021:

Source: tradingview.com

Dans une note des analystes de Goldman Sachs, la mesure a été qualifiée de “très significative”, même s’il est encore “peu probable qu’elle stabilise structurellement l’inflation ou le taux de change”, indique CNBC.

Et si les mesures semblent avoir stabilisé le taux de change de la lire par rapport au dollar, l’inflation reste galopante en Turquie, atteignant le chiffre impressionnant de 48,7 % en janvier.

“Ce qui se passera ensuite fera la lumière sur l’approche non conventionnelle du gouvernement en matière de taux d’intérêt : La disponibilité des biens va-t-elle augmenter ou les attentes inflationnistes s’aggraver ?”, a demandé Mohamed El-Erian, le président du Queens’ College de l’université de Cambridge, à ses followers sur Twitter après la publication de ce chiffre.

“Bitcoin”, a écrit un follower en réponse.

Pour l’instant, on ne sait toujours pas si l’attitude précédemment hostile de la Turquie à l’égard du Bitcoin et des autres crypto-actifs demeurera, ou si le pays ajustera sa position. Ce qui est clair, en revanche, c’est qu’il devient de plus en plus difficile d’empêcher les citoyens turcs d’utiliser Bitcoin pour préserver leur richesse.

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