“L’euro numérique pourrait être mort à l’arrivée” prédisent certains experts

Thomas Renault
| 3 min de lecture
"L'euro numérique pourrait être mort à l'arrivée" prédisent certains experts

L’euro numérique pourrait être mort à l’arrivée, prévoient certains experts. Des économistes européens estiment que le projet d’euro numérique pourrait échouer, car il est conçu pour protéger les banques intermédiaires, au lieu de répondre aux besoins réels des utilisateurs et des marchés modernes.

Petit rappel, qu’est-ce que l’euro numérique ?

L’euro numérique serait une version électronique de l’euro, la monnaie de la zone euro, émise et garantie par la Banque centrale européenne (BCE). Il serait conçu pour coexister avec les formes traditionnelles de l’euro, telles que les billets et les pièces, tout en offrant les avantages de la technologie numérique, tels que les transactions rapides et la facilité d’utilisation.

L’euro numérique : Des doutes soulevés par les universitaires

L’engagement de l’Union européenne à développer un euro numérique semble voué à l’échec, selon un groupe d’universitaires. Un rapport rédigé par deux économistes a vivement critiqué l’un des principaux objectifs de la conception de la monnaie numérique de la Banque centrale européenne (BCE), le qualifiant de risque pour l’ensemble du projet.

“Les choix de conception du projet suscitent des doutes sur les objectifs et la stratégie de la BCE. En conséquence, l’euro numérique pourrait bien être mort à l’arrivée,” ont écrit les deux économistes.

Les auteurs du rapport ont ajouté : “Les principales options de conception privilégiées par le Conseil des gouverneurs diminuent l’attrait de l’euro numérique plutôt que de l’augmenter. Elles comprennent des plafonds de détention pour les consommateurs (quelques milliers d’euros), et encore moins pour les commerçants (zéro).”

Il semble que pour la BCE, ces caractéristiques sont vues comme permanentes.

La protection des banques intermédiaires : un obstacle pour l’euro numérique ?

Les économistes de l’Université de Berne, Cyril Monnet et Dirk Niepelt, ont remis en question l’objectif de la BCE qui est de “ne pas nuire aux banques et de protéger leur modèle d’affaires”, soulevant des préoccupations quant à d’éventuels conflits d’intérêts permettant aux banques intermédiaires d’avoir la responsabilité du déploiement de l’euro numérique.

“Une part importante des profits des banques provient de la fourniture de services de paiement. Ainsi, les banques n’ont aucun intérêt à voir l’euro numérique prospérer, sauf si les services bancaires liés à l’euro numérique, tels que l’intégration ou la gestion de portefeuille, sont encore plus rentables,” a déclaré le rapport. 

Le document souligne que le projet de la BCE d’imposer une prime d’intérêt négatif sur l’euro numérique en période de stress financier pourrait réduire son attrait pour les intermédiaires.

Le rapport ajoute que l’euro numérique sera “inférieur” en termes de commodité et de confidentialité, qui sont présentés comme des moteurs clés d’adoption.

“La meilleure solution disponible du secteur privé pour les paiements de détail dominera certainement l’euro numérique en termes de commodité pour l’utilisateur. Et en termes de confidentialité vis-à-vis du gouvernement ainsi que de résistance à la censure, de nombreux citoyens en Europe ont une confiance limitée en la BCE,” a argumenté le rapport.

L’euro numérique en est actuellement à sa phase de conception, et selon les responsables de la BCE, la première émission possible est prévue pour 2027

Fin juin, l’exécutif de la BCE, Fabio Panetta, a déclaré : 

“L’euro numérique est une étape nécessaire pour garantir que notre système monétaire évolue avec les avancées numériques. Il sera largement accessible et facile à utiliser tout en préservant la confidentialité, tout comme l’argent liquide.”

Source : The Block