Faut-il s’inquiéter des tokens de plateformes d’échange ?

Yann-Olivier Bricombert
| 3 min de lecture

Les jetons des plateformes d’échange crypto centralisées (CEX) ont toujours la côte malgré l’affaire FTX. Mais faut-il s’inquiéter de leur hyper centralisation ? La startup Bubblemaps, spécialisée dans la visualisation des données des portefeuilles crypto, vient de livrer un angle intéressant sur la question à propos du token de l’exchange Bitget.

La répartition des jetons de Bitget


Le mardi 8 novembre 2022 restera comme un jour tristement mémorable pour la plateforme FTX qui faisait failitte… et pour les détenteurs de son jeton, le $FTT, dont le prix s’est effondré de 88% en 24 heures.

L’évolution du prix du jeton $FTT de l’échange FTX, de novembre 2022 à aujourd’hui.

Depuis, le token a repris des couleurs et entamé une remontée spectaculaire, multipliant sa valeur par six. La capitalisation de marché est d’aujourd’hui d’environ 1,6 milliard de dollars, contre 3 milliards à la veille de la chute de l’échange. Mais cela n’a pas dissiper toutes les questions et les inquiétudes autour de la centralisation des tokens d’exchanges.

Un récent article du co-fondateur de Bubblemaps, Nicolas Vaiman, paru dans la newsletter de nos confrères du magazine Capital, se veut d’ailleurs assez sceptique vis-à-vis d’un autre token d’exchange, le $BGB, celui de Bitget. La plateforme crypto, qui revendique quelque 20 millions d’utilisateurs dans le monde, détiendrait 75% des tokens $BGB stockés dans différents portefeuilles auto-hébergés. Ce n’est pas une révélation en soi puisque cela fait partie de l’économie de ce jeton telle que définie initialement dans le “whitepaper” du $BGB. Néanmoins, une telle centralisation doit inciter à la prudence, selon Bubblemaps :

“L’effondrement récent de grands échanges centralisés comme FTX est un rappel de l’importance de la tokenomics. Le token de FTX, FTT, était fortement centralisé, avec seulement 14 % de l’offre disponible au public. FTX avait également distribué des tokens FTT à Alameda Research, qui l’avait utilisé comme garantie pour d’importants prêts. Cela a conduit à une crise de liquidité lorsque le bilan d’Alameda a été divulgué. Pour le moment, Bitget ne semble pas suivre cette trajectoire. L’équipe a conservé le contrôle total de ses tokens BGB, ce qui réduit les dépendances et évite les effets de cascade.”

La distribution des jetons de Bitget, selon l’analyse de Bubblemaps.

75% des jetons Borg en circulation


A titre de comparaison, le jeton du “meta-exchange” Swissborg ($BORG, ex-$CHSB) a été minté lors d’une ICO initiale en 2017. Lors de cette levée de fonds, un milliard de $CHSB ont été créés, puis acquis par quelque 24 000 participants répartis dans 149 pays, au prix de $0,10.

Comme pour le $BGB, le $BORG donne accès à des avantages sur la plateforme (rendements boostés). Mais d’après la répartition actuelle, 22,6% de l’offre est verrouillée par les utilisateurs qui ont un compte “Premium”, 75,3% de l’offre ayant déjà été mise en circulation sur le marché. Concrètement, cela veut dire que la mainmise de l’équipe est plus réduite. A noter que près de 2% de la supply est constituée de rachats et de burn de tokens, issus des frais générés par la plateforme.

Le BNB sous la menace de la SEC


Autre exemple de token d’exchange, le $BNB de Binance se trouve aujourd’hui dans une situation particulière. Alors qu’il reste le plus important token de CEX du marché, avec une capitalisation de 37 milliards de dollars, le jeton phare de la plateforme fait l’objet d’une enquête de la SEC, le gendarme des marchés financiers américain, suite à l’amende record de 4,3 milliards de dollars et à la démission du fondateur, Changpeng Zhao alias “CZ”. La distribution des jetons était néanmoins plus équilibrée lors de son lancement en 2017, avec 50% pour le public, 40% pour les fondateurs et 10% pour les investisseurs.


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